Pourquoi les "régimes" font grossir ?! Voici mon avis de diététicienne nutritionniste sur SAINT-BRIEUC.
Il est très répandu dans l’esprit des personnes, et les franchises de perte de poids qui ont pignon sur rue, travaillent comme çà aussi : il faut se priver pour perdre du poids ! Il faut être dans le contrôle, dans une sorte de volontarisme épuisant et insipide, et qui ne fonctionne que si on le tient au long cours …
C’est selon elles, et selon le commun des mortels, LA solution pour retrouver son poids de forme !
Alors, les personnes suivent rigoureusement ces conseils de restriction, de comptage de calories, de suppression d’aliments, ne mangent plus de féculents …
Que se passe t’il alors ?
Un régime restrictif a deux conséquences importantes :
– l’une sur notre santé physique
– l’une sur notre santé mentale
Conséquences sur la santé physique
Notre corps a besoin d’énergie pour fonctionner. En fait, il fonctionne un peu comme une voiture ! Les aliments vont, en se dégradant, faire de l’énergie (c’est l’ATP : Adénosine Tri Phosphate. Il y a de nombreux mécanismes biochimiques mais je ne rentrerai pas dans le détail ici …).
Notre corps dépense de l’énergie au repos : c’est le métabolisme de base. Il sert à faire fonctionner au repos notre cerveau, la digestion, la température corporelle, tous les mécanismes internes que l’on ne contrôle pas…
Il est important d’amener tous les jours à notre corps cette énergie sous forme d’aliments et d’en amener beaucoup plus, car à ce métabolisme de base, s’ajoutent les dépenses musculaires (on multiplie donc ce métabolisme de base par un coefficient qu’on appelle NAP (Niveau d’Activité Physique), on a aussi parfois un facteur de stress lorsqu’on est atteint d’une pathologie comme le cancer par exemple …). On obtient alors le BEJ : le Besoin Energétique Journalier.
Dans les “régimes”, on joue là-dessus, en diminuant votre énergie apportée par l’alimentation. Certes, parfois, on mange plus que ce que l’on a besoin. C’est ce que je vérifie bien sûr au premier rendez-vous bilan, mais pas seulement …
Il est en effet judicieux d’apporter assez d’énergie mais pas trop non plus et on peut en effet diminuer un peu votre apport calorique pour que le corps puise dans les réserves.
Mais dans les “régimes restrictifs”, le nombre de calories apportées par jour n’est pas suffisant pour le corps et il se retrouve en état de privation intense et en grande fatigue.
C’est comme le réservoir d’une voiture : un moment donné, un voyant clignote, on est en autonomie. Là c’est la phase miracle de perte de poids et si on continue, la voiture se retrouve en panne. Nous, notre organisme ne se retrouve pas en panne, même s’il peut se retrouver à avoir des vertiges, des sensations de fatigue, mais surtout, là, c’est le métabolisme qui se détraque.
Et si l’on n’amène pas assez d’énergie au corps, il va en trouver par lui-même, en puisant dans ses réserves…On espère qu’il puisera dans ses réserves de graisse, bien sûr, mais il peut aussi puiser dans ses réserves de muscle, pour amener les fameuses protéines et acides aminés indispensables que l’on ne sait pas fabriquer (j’y reviendrai dans un autre article et c’est pour cela que j’insiste autant en consultation là-dessus !).
Donc, vous l’avez compris, on met son corps en danger, petit à petit …
De plus, dans un régime restrictif, on n’apporte pas tous les micronutriments nécessaires au bon fonctionnement du corps (vitamine C, magnésium, fer, vitamines B …).
L’effet secondaire, et le pire, est psychologique, psychique et subsconscient.
Conséquences sur la santé mentale
La pire des conséquences des “régimes restrictifs” est là …
TOUTES les personnes qui ont fait des “régimes” toute leur vie le savent, cela ne fonctionne pas et cela rend malade.
Imaginez-vous une vie où vous contrôlez tout le temps tout ce que mangez, que ce soit en termes de points, de poids, de calories, de quantités ? Imaginez une vie où chaque repas est un cours de maths avec son ombre de points et de calories ???
Vous comprenez où je veux en venir …
Le mental et la volonté sont mises à l’épreuve. Il faut tenir sur la distance, il faut être fort, combattif, courageux…Chaque aliment sucré, et donc sympa en goût, et pour le cerveau, est écarté…
Mais peut-on durer sur la distance et se dire que plus jamais de sa vie, on ne mangera un chou à la crème, une profiterole ou un carré de chocolat praliné ? Imaginez une vie où plus jamais on ne pourra profiter entre amis autour d’une bonne pizza et d’un bon verre de vin rouge, après un apéritif tout aussi succulent, pleins de chips et cacahuètes, olives et que l’on n’aura le droit qu’à un verre d’eau pétillante citronnée et une malheureuse tomate cerise ?
Est-ce agréable ? Hé bien, non, là, la frustration est à son maximum, les énergies négatives aussi et là, il y a deux solutions : soit on résiste en faisant un effort maximal, et en ne profitant pas, ce qui revient ensuite à ne plus sortir, à ne plus voir ses amis, sa famille pour ne pas revivre cette sensation amère de contrôle, à un moment où la vie pourrait être belle et agréable, dans des belles énergies positives…On s’isole donc, avec un sentiment désagréable de se sentir seule et incomprise, surtout que, par ailleurs, le résultat de perte de poids attendu n’est peut-être pas non plus au rendez-vous comme promis … et si ce résultat est là, on sait qu’on ne pourra plus jamais manger de choses sympathiques et profiter car c’est purement interdit et que notre cerveau l’a bien compris donc on est malheureux…
Or, pourquoi souhaitait-on perdre du poids ? Pour être mieux dans son corps et plus heureux, non ? L’effet contraire se produit …
Un jour, on n’en peut plus de ce contrôle, ce mal-être et on va lâcher prise. On va se ruer sur les profiteroles, les cacahuètes, et que sais-je ? Et on va vraiment apprécier. Le cerveau va être ravi et sa zone du plaisir activée…
Et on va craquer, parfois, dans des quantités irraisonnables nutritionnellement. On est passé du côté de l’hyperphagie …
On va culpabiliser et on va être encore plus mal qu’avant et on va s’en vouloir, on va encore être malheureux et on va se détester. L’estime de soi est au plus bas, et on va se flageller et se sentir nulle parce qu’on a craqué…
On peut même en arriver au point du trouble du comportement alimentaire car on va vouloir se ressaisir, on va vouloir remettre le contrôle nutritionnel en place et on va remettre en place la stratégie de l’évitement social, et aussi la stratégie de l’évitement nutritionnel … On peut basculer dans des périodes d’anorexie mentale et d’hyperphagie voire de boulimie compensatrices …
Et bien sûr, là, la perte de poids n’est plus au rendez-vous car on n’y arrive plus, et on est complètement perdus … On a perdu la sensation de faim, la sensation de plaisir de manger, on ne sait plus comment faire, on a peur, on a faim, on est fatigué, on est triste , on est malheureux …
Et même, voire pire, le plus petit aliment un peu gras ou sucré que l’on mange nous fait prendre des kilos presque immédiatement … Hé oui, c’est là où l’on doit se rappeler le fonctionnement de notre organisme et le fâmeux métabolisme de base. Après une période de privation extrême, qui était volontaire, là, lors du “régime”, le subconscient, lui, a compris que c’était la famine. Il ne peut pas comprendre que c’est volontaire. Ce qu’il voit, lui, c’est qu’il a été privé, que le corps était mal, fatigué, et qu’il n’avait pas assez à manger. Il va donc mettre en place ensuite des mécanismes de stockage biologique, pour faire des réserves, qui pourront être utilisés dans une nouvelle période de famine … Les mécanismes sont hormonaux et assez complexes, je ne rentrerai pas dans le détail ici mais vous comprenez la spirale infernale qui se joue ici …
En conclusion, lâchez prise avec votre assiette !
En conclusion, vous avez bien compris que les “régimes” ne peuvent pas être la solution car ils n’agissent que sur un seul pilier : la nutrition, via le contrôle mental. Ce terme est d’ailleurs interdit par la Haute Autorité de Santé depuis peu, et j’y reviendrai. Votre surpoids peut provenir d’autre chose qu’un apport calorique trop important. Faire le point avec un diététicien nutritionniste diplômé d’Etat peut être important pour avoir une vision globale de votre vie, de votre assiette, et vous ne serez pas privés ni frustrés, vous serez éduqués et responsabilisés. Apprendre à se respecter, apprendre à aimer son corps, apprendre à aimer ses formes, reprendre confiance en soi, en son estime de soi est aussi un axe de bien-être important, qu’il peut être utile de mettre en place en parallèle avec un (e) psychologue, un (e) hypnothérapeute ou énergéticien (ne) …La santé se joue au long cours, et tout ce que l’on fait aujourd’hui a des conséquences pour plus tard. Nous sommes un tout : corps-âme-esprit et il est parfois à repenser notre mode de vie aussi, dans son intégralité, pour être bien dans son corps. Tout est lié. Pour être heureux, il faut être bien dans son corps, et inversement. Notre corps a des besoins biologiques et notre assiette est là pour lui amener ce dont il a besoin, tous les aliments sont bons, chacun en sa proportion. Le plaisir de la table, la convivialité sont des éléments bien importants de la vie aussi. Alors, apprenons à lâcher prise et à profiter de la vie ! La vie est belle et la vie vaut d’être vécue pleinement 🙂